L’établissement rural de la fin de l’âge du Fer de Ganellou (Blagnac, Haute-Garonne)

 Le site de Ganellou situé à Blagnac (Haute-Garonne) a fait l’objet d’un diagnostic archéologique, suivi en 2001 par une campagne de fouille dirigée par Toledo i Mur pour le compte de l’Inrap (Toledo i Mur et al. 2002). La fouille a révélé un établissement rural contemporain des habitats agglomérés de Vieille-Toulouse et de Toulouse « Saint-Roch ».

A Blagnac et sur la commune limitrophe de Beauzelle, l’archéologie préventive a permis le diagnostic et la fouille d’autres établissements ruraux, comme celui de Raspide (fouille Chr. Sireix, Inrap) ou de la ZAC Andromède (fouille L. Grimbert, Inrap) (fig.1). La localisation de ces sites ruraux, situés respectivement à douze et huit kilomètres au nord-ouest des habitats groupés de Vieille-Toulouse et de Toulouse « Saint-Roch », témoigne d’une certaine densité d’occupation au sein du territoire des Volques Tectosages, à la fin de l’âge du Fer.

1. Structuration de l’espace :

Les vestiges mis en évidence à Ganellou se caractérisent par un enclos de forme trapézoïdale d’une superficie de 7122m² matérialisé par quatre fossés à fond plat. Dans la partie nord, l’enceinte est complétée par deux fossés parallèles au fossé 5, situés à 6 m de part et d’autre de ce dernier (fig.2). Cette organisation de l’espace somme toute classique, est complétée par l’identification et la fouille de 34 structures dans l’enclos, toutes en creux (14 trous de poteau, 8 fosses et 2 puits). Cependant, l’organisation interne n’est que partiellement connue, le but de l’opération étant d’obtenir le plan du réseau fossoyé.
Si l’étude de la céramique provenant du remplissage des fossés permet de donner une fourchette chronologique situant l’occupation entre 125 et 75 av J.-C., les recoupements de certaines structures entre elles permettent d’envisager différentes phases d’organisation interne.
Deux phases d’occupation se distinguent. L’enclos est à l’origine de l’occupation de ce site, il est constitué des quatre fossés 1, 2, 4 et 5. Deux fossés parallèles au fossé 5, au nord, ont été construits dans une deuxième phase ; cette nouvelle organisation interne de l’enclos serait liée directement à sa fonction pastorale et répond à des besoins attachés à la circulation des personnes et du bétail en compartimentant l’espace. L’espace situé entre les fossés 3 et 13 en dehors de l’enclos est interprété par Toledo i Mur comme une zone de parcage. Ces deux phases d’occupations se sont sans doute succédé rapidement dans le temps.

Figure 2 Plan général de l’établissement rural de Ganellou (d’après Toledo i Mur et al. 2008, p.231)

2. Fonctionnalités

Dans la partie interne de l’enclos, le décapage ayant été très partiel, une étude approfondie de l’organisation et de la partition de l’espace est donc compliquée. Cependant, parmi les multiples structures en creux, essentiellement des trous de poteau identifiés en périphérie de l’enclos, deux puits et un four ont été mis en évidence.
Dans l’angle nord-est le puits 3038 a été utilisé durant la première phase d’occupation, et remblayé antérieurement à la mise en place du fossé 6 dans la deuxième phase d’occupation (fig. 3).

Figure 3 Profil du puits 3038 (d’après Toledo i Mur et al. 2008, p. 233)

Le four 4048, quant à lui, était situé dans la partie ouest de l’enclos, et aménagé dans une cuvette de 1 m sur 0,55 m ; la base des parois conservées sur 3 à 5 cm permet de restituer l’orientation de l’ouverture du four vers le nord (fig. 4). Son remplissage comportait de nombreux charbons de bois. Des fragments de parois vitrifiés et des scories de fer ont été retrouvés dans le remplissage du fossé 2 tout proche, ce qui conduit à s’interroger sur la vocation de ce four. Bien qu’aucun outil n’ait été mis en évidence sur la surface fouillée, on peut supposer une activité de forge, peut-être ponctuelle et liée à l’entretien et la fabrication d’outils agricoles.

L’essentiel du mobilier découvert provient des niveaux de comblement des fossés avec des concentrations particulières au niveau du fossé 1. Les vestiges étant très arrasés, les données concernant l’architecture domestique sont ténues. Les fragments de torchis (522 restes) découverts principalement dans les niveaux de comblement des fossés (363 restes dans le fossé 1) sont les seuls témoins de cette architecture domestique en terre crue.

Malgré leur contexte de découverte, certains types de mobiliers attestent d’activités traditionnellement qualifiées de domestiques. Les activités de tissage et de filage sont attestées par l’identification de huit pesons tronconiques et deux fusaïoles plates. Six des pesons provenaient du remplissage du fossé 1, un du fossé 3 et le dernier du trou de poteau 5009. Les deux fusaïoles ont elles aussi été mises en évidence dans le comblement du fossé 1.

Dans le comblement de ce même fossé, un fragment de meule (le seul autre étant identifié dans le comblement du trou de poteau 5009) renvoie à la transformation de produits agricoles, bien qu’aucun plan d’éventuel grenier n’ait pu être identifié. Un polissoir en grès avec des traces d’usures, ainsi qu’un fragment de soie de couteau en fer, peuvent aussi être associés à diverses activités d’ordre domestique.

Le faciès céramique est essentiellement composé d’un répertoire de formes attachées à la préparation et au stockage des denrées plus qu’au service et à l’usage individuel. 212 vases ont été identifiés dans le remplissage des fossés 1 et 2. Le matériel amphorique est également conséquent : 89 individus-vases ont été mis en évidence dans les structures en creux de l’enclos et dans les fossés.

Conclusion :

La connaissance des établissements ruraux de la fin de l’âge du Fer est encore lacunaire dans le Toulousain, mais elle tend à s’étoffer avec la multiplication des fouilles préventives. Celles-ci permettent d’avoir une vision plus complète de l’organisation du territoire aux IIe et Ier s. av. J.-C. Plusieurs de ces établissements ruraux sont contemporains (Bordeneuve, ZAC Andromède, Raspide, Dumaine-la-Tuque, Pentens). La durée d’occupation de ces sites est assez brève et semble s’arrêter systématiquement au cours du Ier s. av. J.-C. La fourchette chronologique, principalement obtenue grâce à l’étude du mobilier amphorique, permet de dater l’occupation du site de Ganellou entre 125 et 75 av. J.-C. On peut fortement suspecter des liens et des échanges (techniques, économiques et / ou sociaux) entre tous ces sites, au sein même du territoire des Volques Tectosages.

Références bibliographiques :

Ranché Chr., Sergent F. 2016, Ranché Chr., Sergent F. 2016, Les établissements ruraux fossoyés de la fin de l’âge du Fer en Languedoc occidental (Aude, Tarn, Tarn-et-Garonne et Haute-Garonne), in Blancquaert G., Malrain F., Évolution des sociétés gauloises du Second âge du Fer, entre mutations internes et influences externes : XXXVIII colloque de l’AFEAF, Amiens, 29 mai- 1 juin 2014, Revue Archéologique de Picardie, 30, p. 287-296.

Toldeo i Mur et al. 2002, Toledo i Mur, A., Houix, B., Loiselier L., Arnoux Th., Destrade L., Jarry M., Marlière P., Un habitat rural de plaine de la fin de l’âge du Fer, Document Final de Synthèse, DRAC-SRA Midi-Pyrénées, Toulouse, INRAP, 77 p.

Toledo i Mur et al. 2008, Toledo i Mur A., Benquet L., Houix, B., Martin H. 2008, L’établissement rural du deuxième âge du Fer de Ganellou, Blagnac (Haute-Garonne), Documents d’Archéologie méridionale, 31, p. 229-257


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