Les céramiques de la fin de l’âge du Fer
Les céramiques de la fin de l’âge du Fer
Le mot « céramique » est le plus souvent utilisé en archéologie pour désigner les poteries, c’est-à-dire les vases en argile ayant été cuits à une température suffisamment haute pour que la matière ne puisse pas redevenir soluble suite à une ré-humidification. Sur les sites archéologiques, la céramique est bien souvent le matériau le plus fréquemment découvert. Les populations anciennes utilisaient la céramique pour satisfaire une grande part de leurs besoins d’ustensiles de cuisine, de table ou de stockage. Au cours du temps, la vaisselle évolue au gré des modes alimentaires et esthétiques. Dans ces conditions, son étude, la céramologie, comme l’étude du mobilier métallique, permet d’approcher le quotidien des populations et de dater les sites archéologiques.
À la fin de l’âge du Fer, les populations gauloises ont à leur disposition un panel assez réduit de formes en céramique qui répond aux attentes. Dans la cuisine gauloise, on connait de nombreux pots de forme généralement ovoïde utilisés pour la cuisson de bouillie ou de ragoût. On retrouve parfois des restes carbonisés de ces aliments à l’intérieur et à l’extérieur du pot (appelés « caramels alimentaires ») mais la caractérisation des types de restes culinaires est encore aujourd’hui difficile à mettre en évidence par des analyses physico-chimiques. Ces pots sont souvent décorés d’ondulations ou d’impressions au niveau du col, le reste de la panse étant souvent raclé à l’aide d’un peigne. Le vase, généralement confectionné sans l’aide du tour rapide, possède une argile riche en sable, lui permettant de mieux résister au contact des flammes lors de son utilisation sur le foyer de la cuisine. C’est dans cette optique que les potiers réservent également à ce type de vase une cuisson à température peu importante. Dans la cuisine, on trouve des couvercles permettant de réduire l’évaporation d’eau lors de la cuisson de certaines préparations alimentaires. Plus rares sont les vases miniatures qui pourraient avoir une fonction de petits contenants à ingrédients d’appoint (condiments par exemple).
Dans le courant du Ier s. av. J.-C., les populations gauloises vont progressivement adopter de nouveaux instruments de cuisine signalant l’introduction de manières de table italiques à côté des pratiques traditionnelles. Par exemple, le plat à feu, ou patina, allant de pair avec un couvercle, l’operculum, permettent la cuisson de galettes à l’étouffé. Un autre vase, plus caractéristique du Toulousain, et de certains ateliers du Lauragais, correspond à une adaptation locale du mortier, forme n’existant pas non plus dans la vaisselle traditionnelle des Gaulois. Il comporte des caractéristiques propres à ce type de vase (parois épaisses, surface interne abrasive) avec un bord en Y qui signale peut-être une double fonction de couvercle.
A table, on trouve des vases qui remplissent d’autres usages et qui sont souvent obtenus par des procédés techniques différents de ceux qui sont mis en œuvre pour le service de cuisine. Ainsi, les vases de table sont généralement réalisés par tournage avec une argile plus épurée et une cuisson à plus haute température. Les surfaces externes font régulièrement l’objet d’un lustrage à l’aide d’un galet afin de donner au vase un aspect brillant. C’est avec cette technique que sont obtenues des décorations fréquentes de vaguelettes, de bandes ou de croisillons. Parfois, par le lustrage de l’intégralité de la surface externe, on a pu chercher à imiter le reflet des vases métalliques. Les céramiques correspondent à des jattes servant à la présentation des aliments aux convives, à des écuelles pour la consommation d’aliments solides ou semi-solides, et sont accompagnées par des bols ou des gobelets pour les boissons. La bière serait la boisson alcoolisée la plus répandue, tandis que le vin importé d’Italie, abondamment diffusé dans la région mais relativement onéreux, est plutôt réservé à des classes sociales privilégiées ou à des évènements particuliers (fêtes, cérémonies…). Certains récipients en céramique, similaires à des ustensiles métalliques étroitement liés au service du vin (passoires, seaux, cruches) permettent de filtrer la boisson contenue dans les amphores avant d’être servie dans des récipients plus adéquats pour sa distribution à table. Les influences italiques semblent être plus précoces dans le service de table. Les potiers gaulois de la région imitent ainsi dès le IIe s. av. J.-C. des coupes et des assiettes produites en Italie centrale ou méridionale.
En dehors de la cuisine et de la table, on retrouve des objets en céramique pour le stockage de différents produits. Il s’agit de grandes jarres (parfois plus d’1 m de hauteur) montées à l’aide de colombins égalisés au moyen d’un tour lent. Sans avoir des capacités similaires aux dolia méditerranéens qui ont une fonction proche de celle des silos, les jarres permettent un stockage à moyen terme dont la nature peut être multiple (denrées agricoles, salaison de viandes, etc.).
Dans la maison, on peut trouver d’autres récipients de moindres dimensions (pots balustres, pots globulaires, pots carénés) ayant des fonctions plus variées (petit stockage, etc.) et pour lesquels on accorde davantage d’effets décoratifs que pour les jarres, en ayant recours aux mêmes techniques et motifs employés pour les vases de table.
La vaisselle gauloise présente généralement une teinte sombre allant du gris au noir, obtenue au contact des fumées dégagées par le combustible en fin de la cuisson. Avec le début de l’époque gallo-romaine (le dernier tiers du Ier s. av. J.-C.), les potiers s’imprègnent davantage des modèles italiques, mais il semble qu’il faille attendre le tournant de notre ère pour que cela vaille également pour la couleur de cuisson. En effet, les vases offriront désormais en majorité des teintes claires orangées, marquant ainsi une profonde rupture avec la fin de la Protohistoire.
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